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Journal de Mer


19 Janvier

Par une fin d'apres midi ensoleillee, nous nous retrouvons tous sur le quai, face au voilier.
Ayant rencontre George - le capitaine - brievement quelques mois auparavant, je prenais connaissance des autres embarques volontaires : David et Doug.
Notre propos : Ammener le voilier jusqu'a son nouveau port, a environ 2000 miles de la, depuis San Diego jusqu'a Hawaii.

Connaitre d'abord les hommes, les companions, oui bien sur, deja penser aux futures rires, aux recompenses de l'effort partage en equipe. Puis aussi, plus tard, le huis clos aidant, decouvrir les manierismes grossierement inutiles de chacun, les jeux psychologiques, les demandes latentes : toute la comedie qui doit se s'exprimer.
George, bien organise, meticuleux, sobre, tirer droit par son objectif. David, un tantinet bouillonant. Doug, pensif - peut etre en quete - un peu fier d'etre de l'aventure. Dan, narrateur benevolant, paresseux accordant.

Puis surtout, c'etait les premiers instants de prise de contact avec notre porteur,
notre instrument de musique, notre cheval de traversee, Bravo, le navire, sloop blanc a haut pont Nelson Marek. Bravo, pret a nous emporter, nous emmener, nous transformer : par sa glisse sur cette frontiere entre surfaces : l'air d'une part et le liquide marin d'autres part.
C'est le principal acteur de notre peripetie, celui qui porte nos espoirs, en qui resonne notre joie ou nos inquietudes, Bravo. Haut sur les flots. Le pont degage. Un cockpit ou il fait bon naviguer. Une belle roue. Et a l'interieur, en descendant dans la gallerie, l'on trouve nos couchettes de quart, un petit salon, les toilettes necessaires, les instruments de navigation, les rangements voiles, outils et provisions. Et enfin, le plus important, notre lieu de culte, la cuisine.

Dernier soir sur terre ferme, un dinner dans un restaurant s'impose : un dernier vrai repas avant de se lancer.


20 Janvier

On s'affaire aux dernieres preparations, bien sur quelques emplettes. George, ceci n'est pas coutume, voudait un navire sec, sans alcool a bord. Mais enfin, sous un pretexte de peche : il faudra bien evanouir les poissons trop agites, nous emportons en cachette quelques recipient de spiritueux et viniferes. Garder de bons esprits a bord, toujours, en soi et en bouteille pour quand le besoin remonterait a la surface.
Et puis, bien sur en toute logique, vite, la surenchere de projets pressant de dernieres minutes, tous peut etre aussi important que sans fondement. Derniers accroches sur la pente temporelle qui nous eloigne deja de notre quotirien, du monde terrien vers le monde marin.

Apres un plein de diesel, un dernier soda, une derniere friandise, une derniere derniere, nous lachons les amarres. Sous un ciel bleu implacable de roman et un soleil bataillant sa brillance jusqu'a l'horizon fraiche, avec ce petit geste de relache, nous sommes partis.

Notre depart commence par une petite traversee de la baie. Petite idylle du moment, une sensation de deja vue, des gamins qui pratiquent l'optimiste sous l'oeil des moniteurs, de beaux bateaux a quai, quelques maxis, les mats qui se dandinent tranquillement sous la brise legere.

Sous le ronronnement du moteur pour l'instant. Nous circumnaviguons la pointe Loma. Le soleil nous indique le chemin alors qu'il s'allonge delicatement vers l'Ouest, affolant le ciel de grandes gorgees d'organgeades. Nous sortons de la baie et faisant notre entree dans le grand bain. Nous levons la grand voile, deroulons le foc. Cap au Sud Ouest, direction Hawaii.

La mer est calme, les conditions sont paisibles. Peut etre un peu trop meme, puisque la brise nous lache. Faux depart en quelque sorte. L'absence d'air nous pousse a remettre le moteur. Pas d'interet a rester a flotter immobile pres de la cote; en route donc vers le souffle du large.
Tandis que la nuit s'installe lentement, alors que le ciel se couvre de ses etoiles lointaines et scintillantes, la lune repond du tac au tac au soleil : rouge d'emotion elle aussi pointe soudainement a l'horizon oriental. Large et majestueuse, elle grimpe en s'eclaircissantderriere les silhouettes des montagnes. Rouge d'abord laissant place a l' orange puis au jaune, avant de devenir toute blanche, phare au milieu des feux de la nuit. Quelques traces de nuages au pinceau, et sur une mer de soie, nous glissons placidement.


21 Janvier

Apres une nuit un peu froide et humide, sur une mer toujours de calme plat, les longs rayons du soieil viennent rechauffer la fraiche atmosphere matinale. Apportant avec eux une petite brise qui nous permet d'eteindre notre voile de metal - le moteur et de lever nos amples voiles. Ah, enfin le silence marin, et la glisse sur satin.
C'est alors l'heure du grand recomfort matinal : une omelette sur le pont ! Surprise, alors que deja au large, se dessine au loin l'ile de San Clemente.
Le vent est leger, le ciel parfaitement ensoileille. Seule notre grand voile qui joue a cache-cache avec le soleil nous couvre parfois des rayons chaleureux.
Nous remarquons un nombre surprenant d'avions de ligne survolant cette zone : Peut etre s'entrainent t'ils dans le coin ? Pourquoi observons nous a plusieurs reprises des appareils volant a basse altitude, roues d'atterrissage sorties, a plus d'une centaine de miles de la cote ?
L'atmosphere paisible nous invite a sortir notre ligne, pas de canne - simplement un tendeur, une fine corde et un leurre en bois. Le poisson ne sera pourtant pas assez friand ou asse rapide pour atteindre notre barbecue : ce soir, c'est le pouet du frigo qui gagne sa plce sur le grill.
L'air reste assez frais. D'ailleurs il faudra rajouter quelques couches vestimentaires apres la tombee du soleil. Encore, sous un superbe etendard de couleurs, et un flash vert en addition !


22 Janvier

Le vent se rafraichit au cours de la nuit. Nous reduisons le foc - facile et efficace grace a l'enrouleur, il suffit de border son ecoute. Nous prenons un premier ris dans la grand voile.

Le regulateur d'allure - notre pilote automatique, honorablement nomme Oscar - nous conduit formidablement : il garde le cap quasi-Sud avec le moindre effort, maintenant pour l'instant un angle portant par un vent de Nord Ouest.
Nous descendons vers les alizes, soufflant dans la zone tropicale, plus chaude et plus au Sud.

On apercoit un grand cargo. Quelconque apparition est un evenement dans notre environnement degage. D'ou vient ce navire ? Que transporte t-il : du petrol peut etre ? Ou va donc t-il ? Peut etre vers Panama. Nous utilisons la radio pour tenter une communication mais pas de reponse.

Nous faisons quelques premiers essais avec notre radio bande laterale unique (blu) pour communication email et pour l'obtention d'informations meteos.


Il fait bon etre a bord.Ah qu'il est bon d'etre en mer. Respirer l'air frais. Lezarder sur le pont. Lire, lire et lire a profusion. Profiter des bons plats cuisines avec soin.


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Tag der Veröffentlichung: 15.05.2011

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